Là encore, Hergé crée des coïncidences troublantes. Le nom des jumeaux d’abord. Sont-ils frères ? Pourtant, ils ne portent pas le même nom. L’un s’appelle " Dupond " avec un " d " et l’autre, " Dupont " avec un " t " ? Alors, s’ils sont jumeaux, comment se nomme leur père ? S’appelle-t-il " Dupond " avec " d " ou " Dupont " avec " t " ? Les Dupond(t) auraient-ils deux pères ?… Le jeu de l’orthographe traduit une mise en scène par Hergé du mystère familial des " deux pères " d’Alexis et Léon : le géniteur secret – l’homme qui a mis Marie Dewigne enceinte – et l’ouvrier appelé Remi, qui a donné son nom aux jumeaux quand ils avaient 11 ans. Les vêtements jouent ici un rôle essentiel : ils rappellent l’importance qu’a eue, pour Alexis et Léon, le cadeau annuel d’habits neufs de la comtesse de Dudzeele. Les Dupond(t) confondent toujours le vêtement porté quotidiennement par les habitants d’une région avec leur costume folklorique.
En revêtant ce dernier, ils attirent tous les regards sur eux, leur accoutrement révélant l’identité qu’ils veulent cacher. Les Dupond(t), ainsi montrés du doigt, ne sont-ils pas les jumeaux Alexis et Léon également montrés du doigt à cause de leurs " beaux vêtements " ?
Car ceux-ci, en contrastant avec une origine modeste, pouvaient les faire désigner comme " bâtards ", enfants naturels d’un père prestigieux… Tels Alexis et Léon, les Dupond(t) sont donc condamnés à errer sans jamais découvrir ce qu’ils cherchent, à se tromper toujours, à subir les quolibets…